(Né en 1913, à Mohàcs, Hongrie, mort en 1999, à Paris)
Peintre, dessinateur et photographe
PARCOURS
Il connu le deuil, la guerre et l’exil, mais il est resté libre jusqu’au bout. Navigant entre la France et la Hongrie, Endré Roszda, citoyen français depuis 1970, aura passé sa vie à défier les frontières.
Artiste d’une grande précocité, homme discret et secret, il a laissé une œuvre foisonnante, multiple et singulière, à la croisée de différents mouvements artistiques.
Ecole libre… A peine en âge de tenir un crayon, Endre Rozsda dessine déjà sur un pan de mur de la maison familiale : un mur régulièrement blanchi à la chaux pour permettre à l’artiste en herbe de laisser libre cours à ses pulsions créatrices.
Il réalise son premier tableau à l’âge de 14 ans. Il y laisse entrevoir une technique saisissante qu’il approfondira en s’inscrivant à l’École libre de peinture, fondée par Vilmos Aba-Novák. Pendant ces années de formation, il peint, toujours à la cire, des scènes de la vie quotidienne, des paysages, des portraits…
De Bartok à André Breton… En 1937, Endre Rozsda découvre la musique de Béla Bartok : un choc artistique qui provoque chez lui une totale remise en question et l’incite à partir pour Paris.
Au cours de ce premier séjour en France, il croise de nombreux artistes d’avant-garde : Picasso, Arpad Szenes, Giacometti, Max Ernst, Françoise Gilot, André Breton… leur rencontre sera d’une grande influence sur sa propre pratique picturale.
Imprégné de cette liberté de ton, l’artiste hongrois trouvera dans le surréalisme le terrain propice à l’épanouissement de sa quête existentielle et la légitimité de son expression si particulière.
Clandestinité… Le début de la guerre le pousse à fuir Paris pour la Hongrie. Hantés par les vers de Gérard de Nerval, les toiles d’Endré Rozsda s’assombrissent.
Son avenir aussi : fondateur de l’Ecole d’art moderne en Hongrie en 1945, il subit bientôt des pressions du régime communiste, qui interdit l’art non officiel.
Il doit peindre en cachette... En 1956, au lendemain de l’insurrection de Budapest et de sa répression sanglante par l’Armée russe, il fuit à nouveau et revient à Paris, les bras chargés de l’œuvre accomplie dans la clandestinité.
Ses toiles retrouvent légèreté et couleurs, et lui, le soutien d’André Breton, qui l’adoube comme peintre surréaliste, et de ses amis d’antan.
À la recherche du temps perdu…. Eclatement de l’espace dans un tourbillon lyrique et chromatique, le monde intérieur d’Endre Rozsda est chargé d’énergie pure.
Dans ce va-et-vient incessant de l’abstraction à la figuration, aucun espace pour le vide ni de temps suspendu.
Utilisant diverses techniques (dessin, aquarelle, peinture, photographie), Endre Rozsda fixe le temps et sa fuite dans une course effrénée : ce que Françoise Gilot qualifie de « quête au pays de la mémoire ».
Les autoportraits qui jalonnent son œuvre sont pareils au silence dans l’écriture musicale : ils marquent la pause, comme la reprise du souffle avant la plongée au cœur du magma.
Libre et secret… Le secret continue de couver sous sa peinture colorée, où les événements bouleversants qui ont jalonné sa vie (suicide paternel, assassinat de sa mère en 1944, insurrection…) n’ont laissé aucune trace d’amertume.
Son œuvre intemporelle et inclassable (elle a aussi été exposée à Munich et à Paris en 1961 en hommage à l’Art dégénéré) représente la promesse d’un éternelle découverte.
Dernières expositions :
2014 : La Shoah et les arts : histoires hongroises (1945–1989), exposition collective, Institut Hongrois, Paris
2013 : Le Temps retrouvé, Centenaire Rozsda, Exposition individuelle, Galerie Nationale Hongroise, Budapest
2013 : Pablo Picasso, álbum de familia, exposition collective, Musée Picasso, Malaga
2013 : Rozsda 100, Le fil de la Parque, exposition individuelle, Varfók galeria, Budapest2011 : Capa, Gilot, Rozsda, the joy of memory, exposition collective, Consulat de Hongrie à l’ONU, New-York,
2009 : Rozsda photographe, exposition individuelle, Institut français, Budapest