
PARCOURS
Il se destinait à la mécanique, qu’il avait commencé à étudier. Et puis la musique l’a entrainé sur les chemins de traverse qu’il n’a plus voulu quitter. Elle lui a permis de tisser du lien dans l’art en général : autant de rencontres, d’amitiés, qui l’ont sensibilisé à la peinture et à la sculpture, réveillant sa créativité plastique.
Grenier paternel… De son enfance, Julien Allègre garde le souvenir joyeux du grenier, l’atelier-refuge de son père, peintre amateur et maquettiste occasionnel.
Le jeu avec les outils et le matériel, ainsi que la jouissive destruction des assemblages aériens paternels, préfigurent sans doute son appétit futur pour l’explosion des possibles. À cela vient s’ajouter un rituel déjà percussif : pour faire descendre le père de sa tour d’ivoire, il fallait taper sur la tuyauterie de la demeure familiale.
La résonnance métallique véhiculait alors le signal des vivants…
Tendre Métal… Quand Julien Allègre fait ses débuts de sculpteur, il commence à travailler sur le métal : une matière vivante, réactive, mélange de force et d’élasticité.
Au cours d’un voyage au Sénégal en 2002, il a découvert l’art du recyclage. Dans son atelier, il détourne les bidons et des barils de pétrole, afin d’en faire des personnages emprunts de poésie et d’étrangeté.
Il cherche l’harmonie entre le métal perçu comme lourd, guerrier et sa propre sensibilité, déposée en offrande sur la tôle éclatée.
Julien Allègre contorsionne le métal, lui donne du mouvement. Il structure les volumes, apporte de la couleur avec la brasure de bronze.
(Né en 1980 à Arles)
Sculpteur
Beauté de l’antique… Maroc, Vietnam, Thaïlande, Inde, Australie, d’autres voyages éclairent sa réflexion sur les matériaux utilisés et les enjeux environnementaux qui leur sont attachés.
Une évidence s’impose à lui : l’importance de partir de rien, de créer ex nihilo. Et une découverte esthétique : la beauté réside essentiellement dans les objets marqués par le temps.
En 2008, il commence ainsi à explorer un nouveau matériau : l’antique bronze. Dans un va-et-vient entre l’archaïque et la contemporanéité, Julien Allègre donne à voir le monde, nos peurs enfouies, nos fantômes du passé.
Un artiste connecté au monde… Ses croquis, ses esquisses sur un carnet restent le plus souvent le point de départ de la réalisation de ses sculptures.
Mais Julien Allègre, animé par une soif de renouveau et sa quête de l’intensité au quotidien, pratique aussi l’improvisation _ il le fait également en musique, quand il frappe son hang, cet idiophone métallique singulier inventé en Suisse.
Toujours en relation avec ce monde qui le submerge, Julien Allègre travaille actuellement autour de deux thèmatiques : l’illusion et l’embarcation. L’une et l’autre sont liées : l’illusion de ceux qui refusent de voir le monde tel qu’il est, aveuglés par leur déni protecteur ; et l’embarcation sur laquelle certains quittent tout, rêvant d’un ailleurs plein la tête, pour se confronter à une réalité cruelle et sans appel.
Dernières expositions
2014 : Jean-Paul Huftier & Julien Allègre, exposition Galerie P13, Heidelberg, Allemagne
2014 : Métalmorphose, exposition individuelle, Galerie Patrice Peltier, Paris
2013: Exposition individuelle, Galerie Au-delà des Apparences, Annecy
2012: Exposition individuelle, Galerie Les Robinsonnes, Antibes
2011: Exposition individuelle, Ferme des Arts, Vaison-la-Romaine
2010 : Exposition collective, MAC 2000, Paris
"Par la matière évidée, Allègre déchire l’étendue. Par les failles de l’espace, il échancre la matière. Il met en fleur des cicatrices d’humanité."
Christian Noorberge